Le Big Data, un défi pour l’Emergence des pays africains | Francis BOUSSOUGOUTH | CI |

Article paru initialement le  20/07/2017

Abidjan a abrité le 31 mai 2017 la première édition de « Abidjan Data Science Forum » #ADSF2017 au Novotel Plateau. Cette conférence organisée par l’Association des Auditeurs en Statistique et Informatique Décisionnelle (#AASID) de l’Université Nangui Abrogoua (UNA) visait « prioritairement à présenter aux décideurs du secteur privé, public et parapublic, la science des données appliquée aux affaires (Business data science), pour l’amélioration des performances managériales et l’élaboration efficiente des décisions (data-driven decision making). Puis à encourager le lancement de premières initiatives dans les entreprises, tout en créant le lien collaboratif entre décideurs et chercheurs académiques. »

Abidjan Data Science Forum

Ce forum a vu la participation :

  • Du Professeur Yao TANO, Président de l’Université Nangui Abrogoua,
  • du Dr Isaac BAYOH, Directeur Data Sciences à Prudential Financial et initiateur du projet FuturAfric ;
  • de Monsieur Jean-Paul TONGA, Directeur des Opérations de l’agence de notation Bloomfield Investment, que l’on ne présente plus sur la place d’Abidjan. M. TONGA, Senior Vice-président de l’agence, remplaçait Monsieur Stanislas Zézé, son brillant CEO.
  • Et aussi du Professeur Soumaïla DABONE, PhD, Directeur du Centre de Formation Continue (CFC) de l’UNA

Plusieurs responsables du Décisionnel et des Data Sciences dans des organisations privés ou publics, étaient également présent lors de ce forum, tel que Monsieur Medoune TOGORA, Manager Orange Côte d’Ivoire, ou encore moi-même, Francis BOUSSOUGOUTH, CEO de Softconcept Africa, société spécialisée dans la distribution de logiciel de collecte de données, de Big Data et d’applications de networking.

La conférence principale effectuée par le Dr Isaac BAYOH, venu spécialement des Etats-Unis, a porté sur la Révolution du Big Data, un défi pour l’Emergence. Pour le Dr Bayoh, ce n’est pas parce que l’Afrique prend le train du Big Data alors que la révolution est déjà derrière nous que ce n’est pas une opportunité pour les Africains et pour les entreprises africaines. Pour lui, le Big Data permet aux PME de « compétir » face aux Multinationales. Par contre, pour transformer ce Big Data de la matière première aux produits finis, créateurs de valeur ajoutée et de richesse, il faudra passer par les mains des data scientist, les statisticiens de demain.

« Everyone can use words (data), only poets (data scientist) can build and make them sound like music to your ears » – Dr Bayoh

Surtout, ne pas croire que le Big Data n’est pas pour nous, comme plusieurs entreprises et administrations africaines semblent le penser aujourd’hui. « C’est un truc des occidentaux. Nous n’y sommes pas encore, etc… ».

Transformer les lacunes africaines en opportunité pour jouir du ROI (Return On Invest) du Big Data, voici le challenge des Data Scientist africains. L’explosion du marché des téléphones portables, la faiblesse des coûts d’adaptation, la possibilité d’apprendre des erreurs des « early adopters » occidentaux, ou encore le « cloud computing » quasiment gratuit que proposent de grands acteurs tel que Amazon, Dropbox, Google ou Microsoft Azure ; voici des éléments qui devraient constituer les points forts du Big Data sous les tropiques.

La formule du Dr Bayoh est très simple : Big Data (les données) + Data Science (traitement et analyse) = Big Impact

Une société comme Bloomfield Investment dont la valeur ajoutée est basée en grande partie sur l’analyse de données structurées (Bilan, Compte de Résultat, Rapport d’audit) et non structurée (Evaluation du Management, Perception de la stratégie de l’entreprise) va rapidement être très intéressée par ce phénomène, par ce nouveau paradigme qu’est le Big Data.

Mais qu’entendent-ils tous par Big Data ? Comment l’Afrique peut-elle en retirer un avantage comparatif ?

Quand vous entendez parler de Big Data les “initiés” vont inévitablement vous parler du concept des 3V, pour paraître plus intelligents. Pour dire qu’ils savent de quoi ils parlent. 3 V pour Volume, Variété, Vitesse.

  • Volume pour la masse considérable de données créées
  • Variété pour les données structurées et non structurées, dont nous parlions plus haut.
  • Vitesse pour le renouvellement en continue et très rapide de toutes ces données

Certains spécialistes rajoutent même un quatrième V avec la Véracité.

Big Data, c’est quoi ?

Le Big Data en mon sens c’est toutes nos signatures, nos empreintes, nos traces numériques. “Chaque jour, on produit dans le monde environ 2,5 milliards de milliards d’octets d’information”. Ces montagnes ou gisements de données, appelés Data Lake, ne sont plus seulement l’apanage des GAFA, des Géants du Net. Ces Data Lakes nous concernent tous. Nos entreprises, mêmes en Afrique, regorgent de gisements de données non exploitées que les Data Scientist peuvent et doivent aujourd’hui transformer en or avec des technologies comme les normes HADOOP ou NO-SQL, qui permettent de partitionner de grands volumes de données à des endroits différents pour, derrière, avoir une réponse structurée et également instantanée.

90% de l’ensembles des données disponibles aujourd’hui dans le monde ont été produites au cours des deux dernières années. Stephen Gold, Directeur Marketing, IBM Watson Solutions

Concrètement, donnez-moi une entreprise, une administration ivoirienne et je vous dirais quelle association « données structurés et non structurés » pourrait engendrer une amélioration de la performance ou de l’efficacité, et donc une création de richesses.

Secteur Public

Prenons le cas du Gouvernement Ivoirien, dans le secteur de l’éducation.

Imaginons une approche Big Data sur les 5 années d’un mandat présidentiel.

Pour les Données structurées : vous pouvez prendre en compte toutes les données de la comptabilité publique, mais aussi les données statistiques, les informations sur la population des adolescents, les actes de naissances, les données et les investissements sur les établissements scolaires, la répartition des populations par zone, le taux de mortalité par âge, etc…

Pour les Données non structurées ou textuelles : la prise en compte des métiers d’avenir mais aussi des besoins de compétences pour la Côte d’Ivoire, tout en intégrant d’autres éléments comme les centres d’intérêts des jeunes d’aujourd’hui, etc…

Au final, l’Etat Ivoirien pourrait complètement tout anticiper et faire en sorte qu’on se retrouve difficilement avec des classes de 70 élèves en 5ième, ou un manque criard d’établissements du secondaire à Yopougon, ou encore une inadéquation entre le marché des jeunes diplômés et celui du travail en 2020. Juste à temps pour l’ #Emergence. Le gain pour l’économie ivoirienne est sans aucune mesure en termes de performance, d’efficacité et surtout d’économie.

Secteur Privé

Dans le cas d’une entreprise, prenons le cas de Prosuma, spécialiste de la Distribution (en Côte d’Ivoire), avec pour cas précis les ventes de cornets et pots de glaces. Ces messieurs de Prosuma, mettraient dans la même moulinette :

  • Pour les données structurées, ce serait les habitudes de consommation locales (Vanille, Bissap, Ananas, Macadamia, etc), leurs chiffres de ventes, la pyramide ivoiriennes des âges, les stocks, les prix d’achat, etc..
  • Pour les données non structurées, on aurait la prise en compte détaillée des différents tickets de caisse, le programme de fidélité, l’évolution des températures, la météo, les réseaux sociaux et les tweets sur les produits concernés en Côte d’Ivoire, etc…

On pourrait alors, sans trop se tromper faire de l’analyse prédictives, avoir moins de pertes sur les stocks de glaces et ice cream en tout genre. Cette utilisation du Big Data chez Prosuma pourraient générer des économies significatives et même des hausses dans les ventes car mieux adaptées, mieux « géomarketées ».

Le Big Data c’est ça. Pouvoir mettre plusieurs types de données dans la même marmite et en retirer une valeur ajoutée indéniable. Utiliser les “Data lakes” pour prévoir, anticiper, visualiser, comprendre et tout simplement gérer. Et pour ce faire, pas besoin de mettre des centaines de millions de FCFA dessus. Des outils existent qui mettent les Big Data à la portée de la PME Ivoirienne. #EthnosData, par exemple, va croiser « Bases de données internes, Emails, Réseaux Sociaux et enquêtes » pour vous permettre de maîtriser et d’affiner votre stratégie. Et ça sans même un #Data Scientist. Le logiciel fait le travail, avec même une infographie.

Big Data un défi pour l’Emergence ?

Il faut même le voir d’un point de vue plus global. Big Data une opportunité pour l’Afrique pour rattraper ses retards, pour se dépasser. Profitons de nos points faibles transformer en fortes opportunités. Transformons ces Data Lakes en #DataJump. Aujourd’hui, nous avons les outils pour. Le ballon est de notre côté. Des forums, comme le « Abidjan Data Science Forum », doivent nous permettre de mieux nous concerter pour attaquer.

Y a plus qu’à.

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